Voltaire

Récemment j’ai commencé à lire Voltaire et son Traité sur la tolérance. Au tout début du chapitre II, il y a cette phrase que je trouve toujours terriblement actuelle et qui a retenu mon attention :

« On dirait qu’on a fait vœu de haïr ses frères, car nous avons assez de religion pour haïr et persécuter , et nous n’en avons pas assez pour aimer et secourir ».

Je la trouve malheureusement réaliste de l’image qu’une majorité de la population associe à la religion, et donc à Dieu. Mais permettez-moi de m’exprimer sur le sujet.

Depuis toujours, il est naturel pour l’homme d’avoir peur de l’inconnu. On se méfie de ce que l’on ne connait pas car cela constitue une menace potentielle. Et plus particulièrement lorsque cette « menace » ne pense pas comme nous. L’être humain est un lâche qui se cache derrière un prétexte ou un nom pour servir ses desseins égoïstes résultants de cette peur. Autrement dit, s’il a fallu attendre 1905 pour que l’Église et l’État se séparent, imaginez toutes les horreurs que l’homme a pu commettre au nom de Dieu sur les siècles précédents et qui ont conduit à cette séparation*. L’Église s’étant installée comme une forme de système politique tout au long des dix siècles (grosso modo) que constituent l’époque médiévale, comprenez que la religion était le contexte de vie dans lequel les populations baignaient et qui influença toute une civilisation dont nous avons encore les fondements. Or, cela ne signifie pas que tout le monde avait une réelle vie spirituelle. Le fait d’appartenir à telle ou telle dénomination religieuse n’était qu’une influence contextuelle et sociale, tout comme l’athéisme aujourd’hui par exemple. Ce n’est pas forcément un choix de vie profond suite à une réelle réflexion mais plutôt un contexte social dans lequel nous évoluons, et qui nous semble évident parce que nous ne voulons pas chercher plus loin. En soi, c’est une forme de tradition comme manger un poulet le dimanche par exemple (quoique « un poil » plus oppressante au Moyen-Âge et encore à l’époque de Voltaire).

Quoiqu’il en soit, c’est ce contexte culturel qui servit, et malheureusement sert encore, de « parapluie » à de nombreuses personnes pour cacher leurs gestes et autres accusations derrière des histoires de religion, et par conséquent sur Dieu. Tout cela, parce que leur lâcheté les empêche d’assumer leur peur et les actes qui en découlent. Et que l’instinct de masse les empêche de chercher à réfléchir plus loin, tant que l’intégration parmi leurs pairs et que leur petite vie n’en sont pas dérangés. C’est ce qui les pousse à s’en prendre à celui qui dérange, qu’on ne comprend pas ou du moins qui perturbe cet équilibre.

Petit aparté, ce principe est encore et toujours d’actualité et tout à fait transposable dans notre vie quotidienne. Par exemple, lorsqu’une personne nous semble ambiguë et que nous n’arrivons pas à la cerner, elle nous dérange parce que nous n’arrivons pas à la mettre dans une case et que nous n’avons pas ce climat de sécurité que crée la « classification » d’une personne. Nous n’arrivons pas à comprendre cette personne, elle pose le trouble en nous. Et qui dit trouble dit vulnérabilité, dit fragilité, dit menace potentielle. Donc logiquement, instinct de survie oblige, nous allons commencer à chercher des éléments nous permettant de recréer cette « barrière  de sécurité », et donc à se concerter avec ses pairs à son propos et chercher les éléments, potentiellement infondés, permettant de se rassurer. Et bref, voilà comment accuser son prochain et lui faire du mal (sans aller tout de même jusqu’au sort de Jean Calas dont il est question dans l’ouvrage de Voltaire). Cela peut passer par les ragots ou encore jusqu’à l’exclusion, voire le bizutage, de camarades (hello harcèlement scolaire ).

Pour conclure, j’irais sur une note plus « optimiste » en revenant sur cet extrait du Traité de tolérance : « Nous avons assez de religion pour haïr et persécuter, et nous n’en avons pas assez pour aimer et secourir ». Nous avons vu ce qui poussait l’homme à persécuter ce qui lui est dérangeant et l’utilisation du prétexte culturel pour justifier et camoufler ses actes. Mais Dieu dans tout ça ? Dieu n’a rien à avoir avec tout ça. On l’a injustement mêlé à ces horreurs en se cachant sous son nom parce que, comme rapidement évoqué plus haut, la majorité des gens possédait une foi culturelle mais ne possédait pas une foi réelle. Sinon, croyez-moi, la religion aurait donné plus d’amour, de secours et de miséricorde. Et ce n’est pas moi qui l’invente. Je me base pour cela directement sur ce qui en principe doit être le fondement propre de tout acte qui devrait découler de la religion chrétienne dont il est question ici, la Bible : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples » Jean 13:35 . En bref, je crois simplement que ce qui différencie réellement la vraie foi de la foi culturelle est cet amour. Celui qui fait qu’un Jean Callas, alors qu’il subissait le supplice de la roue, cria à Dieu de pardonner à ses bourreaux qui, eux, l’avaient envoyé là parce que la majorité d’entre eux était catholique et qu’il dérangeait par son protestantisme. Tout comme on accuserait une personne parce qu’elle est rousse alors que la majorité des gens sont bruns. Cet amour qui fait qu’un Jésus, il y a de cela 2000 ans, est venu mourir sur une croix sous les crachats, les coups et injures des hommes pour permettre à ces mêmes hommes de pouvoir s’adresser à nouveau librement à ce Dieu qu’ils délaissaient et qui pourtant les aime d’un amour inimaginable.

* : Il y en a bien évidemment d’autres mais là ne sont pas les propos de cet article

5 commentaires sur “Voltaire

  1. Yeees! Ton premier article il est là pour tout d’abord poser les bases et ça c’est juste trop cool pour ensuite aller vers les choses plus profondes 🙂

    Comme tu l’as dit, je crois à 100% que beaucoup confondent tradition et relation avec Dieu. Et je suis convaincue que viendra un jour où les fils de Dieu se révéleront à l’humanité par leur amour car comme le dit Romains 8:19 « Aussi la création attend-elle avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu ».

    Merci pour tes jolis mots, bisous mon Petit Saumon. ♡

    1. Exactement, tu as tout compris! On pose les fondements haha!
      En tous cas c’est tout à fait ça, la marque des enfants de Dieu est leur amour. Amour qu’ils manifestent déjà entre eux mais aussi pour ce qui les entoure, que ce soit les autres ou même la création. En réveillant ce besoin universel si profond ils témoignent ainsi de la personne de Dieu 🙂

      En tous cas c’est un plaisir d’avoir ton retour Nathalie 😉 , gros bisous et sois bénie!

  2. Bon, ça redémarre? Chouette! Tu as gagné en lisibilité, en modernité sobre ou sobriété moderne, comme tu voudras ;))
    Et la traduction instantanée en Russe ou Chinois… là je suis bluffé! (en fait j’ai hésité avec le Cebuano et le Chichewa…)
    Non, c’est top comme ça. Bravo Miss Petit Saumon!!!

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